L’été en Méditerranée évoque souvent des images de plages bondées, de parasols alignés au centimètre près et d’une quête incessante du moindre mètre carré de sable. Pourtant, loin de cette effervescence touristique, des havres de paix subsistent, dissimulés au creux de falaises escarpées ou au bout de sentiers confidentiels. Ces lieux, encore épargnés par le tourisme de masse, offrent une expérience authentique du littoral, où le seul bruit est celui des vagues et des cigales. Partir à leur découverte, c’est s’offrir le luxe du silence et de l’espace, un privilège de plus en plus rare. Ce périple nous mène vers des criques et des baies dont les noms se murmurent encore entre initiés, des trésors naturels qu’il convient de préserver avant que leur renommée ne les transforme à jamais.
Table des matières
Plage de Mala : un écrin de tranquillité à Cap-d’Ail
Nichée au pied des falaises abruptes de Cap-d’Ail, à quelques encablures de Monaco, la plage de Mala est une véritable merveille de la Côte d’Azur. Son accès, qui demande un certain effort, agit comme un filtre naturel, garantissant une quiétude appréciable même au cœur de la saison estivale. Entourée d’une végétation luxuriante et de roches imposantes, cette anse de galets blancs offre des eaux cristallines d’un bleu profond, invitant à la baignade et à la contemplation.
Accès et particularités
Pour atteindre ce petit paradis, plusieurs options s’offrent aux visiteurs, chacune avec son propre charme. L’accès n’est pas direct en voiture, ce qui contribue grandement à sa préservation. Il faut accepter de marcher un peu pour mériter la récompense. Les deux chemins principaux sont :
- Les escaliers : Un escalier assez raide de plus de 150 marches descend depuis l’avenue de la Mala. C’est le chemin le plus direct mais aussi le plus exigeant physiquement.
- Le sentier du littoral : Une promenade magnifique et plus douce part de la plage Marquet. Ce sentier côtier, taillé dans la roche, offre des vues spectaculaires sur la mer et les villas de luxe environnantes. C’est une expérience en soi.
Une fois sur place, la plage se divise en une partie publique et deux parties privées avec des restaurants réputés pour leur cadre idyllique.
Activités et ambiance
La plage de Mala est un lieu polyvalent. Les amateurs de farniente trouveront leur bonheur sur les galets chauffés par le soleil, tandis que les plus actifs pourront s’adonner à diverses activités nautiques. Le paddle et le kayak sont particulièrement populaires pour explorer les grottes marines et les petites criques avoisinantes. Le snorkeling est également une activité de choix, les fonds marins rocheux abritant une vie aquatique intéressante. L’ambiance y est à la fois chic et décontractée, un mélange typique de la Riviera, mais sans l’ostentation de ses voisines plus célèbres.
Si l’élégance discrète de la Côte d’Azur a son charme, le littoral provençal offre une alternative plus sauvage et brute, où la nature a sculpté des paysages d’une beauté à couper le souffle.
Calanque d’En-Vau : un joyau caché près de Cassis
Considérée par beaucoup comme la plus spectaculaire des calanques du parc national, En-Vau est un fjord miniature aux falaises vertigineuses plongeant dans une eau turquoise. Sa beauté se mérite : isolée et accessible uniquement à pied ou par la mer, elle a su conserver son caractère sauvage et préservé. L’arrivée dans la calanque est un moment magique, lorsque la plage de galets et de sable apparaît enfin, encadrée par d’immenses parois de calcaire blanc.
Un effort récompensé
L’accès à En-Vau est une aventure. La randonnée depuis le col de la Gardiole ou depuis Port-Miou est exigeante mais offre des panoramas inoubliables sur le massif et la mer. Il est crucial d’être bien préparé : chaussures de marche, eau en abondance et protection solaire sont indispensables. L’effort physique est rapidement oublié face à la vision de cette crique parfaite. Pour ceux qui préfèrent la voie maritime, la location d’un kayak ou d’un paddle depuis Cassis permet une approche différente, tout aussi mémorable, en longeant la côte et en découvrant d’autres calanques en chemin.
Comparaison des modes d’accès à la calanque d’En-Vau
| Mode d’accès | Point de départ | Durée approximative (aller) | Difficulté |
|---|---|---|---|
| Randonnée | Col de la Gardiole | 1h15 | Élevée |
| Randonnée | Port-Miou (via Port-Pin) | 1h30 | Modérée à élevée |
| Kayak / Paddle | Plage de Cassis | 1h00 – 1h30 | Modérée |
Conseils pratiques pour l’aventure
La calanque d’En-Vau est un site naturel brut. Il n’y a aucun point d’eau, aucune boutique ni aucune poubelle. Il est impératif de repartir avec tous ses déchets pour préserver la propreté du lieu. En été, l’accès au massif peut être réglementé, voire interdit, en raison des risques d’incendie. Il est donc essentiel de se renseigner auprès de l’office de tourisme de Cassis ou sur le site du parc national avant de planifier sa visite. La meilleure période pour en profiter reste le printemps ou le début de l’automne, lorsque les températures sont plus clémentes et la fréquentation moindre.
Quittons maintenant le continent pour nous envoler vers une île dont la beauté sauvage n’est plus à prouver, mais qui recèle encore des plages à l’abri des foules.
Plage de Sperone : beauté turquoise en Corse du Sud
Au sud de Bonifacio, face aux îles Lavezzi et à la Sardaigne, se cache la plage de Sperone. En réalité, il s’agit de deux plages distinctes : le Petit Sperone et le Grand Sperone. Si la première est déjà magnifique, la seconde est un véritable trésor qui se dévoile après une courte marche. Le Grand Sperone est une longue anse de sable d’une blancheur éclatante, bordée par une eau si claire et si turquoise qu’elle semble irréelle. Le contraste avec le vert intense du maquis environnant crée un tableau digne des plus belles cartes postales.
Entre Petit et Grand Sperone
L’accès se fait depuis la plage de Piantarella. De là, une marche de dix minutes le long d’un sentier permet d’atteindre le Petit Sperone, une crique charmante mais souvent fréquentée. Le secret est de continuer. Un autre sentier, un peu plus escarpé, traverse le maquis et longe les ruines d’une villa romaine pour déboucher sur le spectacle saisissant du Grand Sperone. Cette deuxième plage, plus vaste et plus isolée, offre un sentiment d’exclusivité et de tranquillité. Le sable y est incroyablement fin, et la pente douce pour entrer dans l’eau la rend idéale pour les familles.
Un environnement protégé
La plage de Sperone est située en bordure du célèbre golf de Sperone, l’un des plus beaux du monde. Cet environnement, bien que privé, a contribué à préserver le caractère naturel du site. La zone est également intégrée à la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio, ce qui garantit la protection de sa biodiversité marine et terrestre. Il est demandé aux visiteurs de faire preuve du plus grand respect pour cet écosystème fragile. Le lieu est parfait pour le farniente, mais aussi pour le snorkeling le long des rochers qui encadrent la baie, où l’on peut observer de nombreux poissons dans une eau d’une limpidité exceptionnelle.
La Méditerranée ne limite pas ses trésors aux îles françaises. De l’autre côté de la mer, la côte espagnole abrite elle aussi des criques spectaculaires, formées par des phénomènes géologiques uniques.
Cala del Moraig : la perle préservée de l’Espagne
Sur la Costa Blanca, près de Benitatxell, la Cala del Moraig est une plage de galets et de gravier qui se distingue par son cadre géologique impressionnant. Enclavée entre d’imposantes falaises qui culminent à plus de cent mètres de hauteur, cette crique offre un paysage sauvage et puissant. Ses eaux sont d’une pureté remarquable, idéales pour la baignade et l’exploration sous-marine. Mais le véritable attrait du lieu réside dans ses formations rocheuses et ses grottes marines.
Un spectacle géologique
Le point d’orgue de la Cala del Moraig est sans conteste la Cova dels Arcs, une magnifique grotte marine creusée par l’érosion. Ses arches majestueuses forment une porte d’entrée naturelle vers la mer, créant des jeux de lumière fascinants. C’est un lieu très photogénique, surtout au lever ou au coucher du soleil. La plage elle-même est le point de départ d’une rivière souterraine, le Riu Blanc, l’une des plus longues d’Europe. Cette particularité géologique explique la fraîcheur et la clarté exceptionnelles de l’eau, même en plein été.
Snorkeling et exploration
Grâce à ses fonds rocheux et à la transparence de l’eau, la Cala del Moraig est un spot de snorkeling et de plongée très prisé des connaisseurs. La faune et la flore y sont riches et variées. Il est possible d’explorer les abords de la Cova dels Arcs et les nombreuses petites cavités qui parsèment la falaise. La prudence est de mise, car la mer peut être agitée. Un petit bar de plage, le « chiringuito », offre de quoi se rafraîchir, mais l’endroit reste globalement peu équipé, ce qui renforce son charme naturel et authentique.
En poursuivant notre voyage vers l’est, nous découvrons que même les côtes adriatiques, de plus en plus populaires, conservent des zones d’une quiétude surprenante, où la mer et la montagne se rencontrent dans un décor grandiose.
Baie de Kotor : le secret mieux gardé du Monténégro
Souvent comparée à un fjord norvégien égaré en Méditerranée, la baie de Kotor, au Monténégro, est un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il ne s’agit pas d’une plage unique, mais d’une succession de golfes, de criques et de villages de pierre qui bordent une baie profonde et sinueuse. Ici, la tranquillité ne se trouve pas sur une grande étendue de sable, mais dans une multitude de petits pontons privés, de plages de galets confidentielles et de zones de baignade isolées, accessibles depuis les charmants villages de Perast, Risan ou Dobrota.
Un fjord en Méditerranée
Le paysage des bouches de Kotor est à couper le souffle. Les montagnes noires (Crna Gora, qui a donné son nom au pays) plongent littéralement dans les eaux calmes et sombres de la baie. La meilleure façon d’explorer la région est de louer une petite embarcation ou de suivre la route côtière qui serpente sur des dizaines de kilomètres. Chaque virage révèle un nouveau panorama, une église orthodoxe perchée ou un palais vénitien endormi. L’atmosphère est paisible, presque mystique, loin de l’agitation des stations balnéaires classiques.
Où trouver la quiétude ?
La quiétude se trouve partout, pour qui sait la chercher. Plutôt que de viser les plages aménagées près de la ville de Kotor, il faut s’aventurer plus loin dans la baie. Voici quelques pistes :
- Perast : Ce village baroque, avec ses deux îles emblématiques, ne possède pas de plage à proprement parler, mais ses nombreux pontons en pierre sont des invitations à la baignade dans un cadre historique unique.
- La péninsule de Luštica : Faisant face à l’entrée de la baie, elle abrite des plages plus sauvages et ouvertes sur l’Adriatique, comme Žanjice ou Mirišta, souvent accessibles par bateau-taxi.
- Les criques cachées : En longeant la route entre Kotor et Perast, de nombreuses petites anses de galets permettent de s’isoler pour une baignade en toute tranquillité, avec une vue imprenable sur les montagnes.
Notre tour d’horizon des paradis préservés nous ramène vers une autre grande île de la Méditerranée, réputée pour ses côtes spectaculaires et ses eaux aux couleurs caribéennes.
Spiaggia di Tuerredda : un coin de paradis en Sardaigne
Située sur la côte sud de la Sardaigne, entre Chia et Teulada, la plage de Tuerredda est souvent citée comme l’une des plus belles de l’île, et à juste titre. Son sable blanc et fin, ses eaux peu profondes d’un bleu intense et l’îlot verdoyant qui lui fait face créent un paysage qui évoque les Caraïbes. Bien qu’elle soit plus connue que les autres plages de cette sélection, sa situation géographique et sa taille permettent encore de trouver des zones de calme, surtout si l’on s’y rend en dehors des pics de fréquentation de juillet et août.
Les Caraïbes de la Sardaigne
Ce qui frappe en arrivant à Tuerredda, c’est la couleur de l’eau. Un dégradé de bleu, allant du turquoise translucide au saphir profond, invite irrésistiblement à la baignade. La plage forme une anse bien protégée des vents, ce qui rend la mer généralement calme. À quelques centaines de mètres du rivage se trouve l’îlot de Tuerredda, que l’on peut facilement rejoindre à la nage ou en pédalo. L’explorer offre une perspective différente sur la plage et permet de s’isoler encore davantage. C’est une expérience à ne pas manquer pour profiter pleinement de la magie du lieu.
Informations utiles
Tuerredda est une plage relativement bien équipée, ce qui la rend accessible mais aussi plus fréquentée. Pour une expérience optimale, il est conseillé d’arriver tôt le matin pour choisir son emplacement et profiter de la lumière matinale. Le parking est payant et peut se remplir rapidement en haute saison. Bien qu’il y ait des établissements proposant des transats et de la restauration, une grande partie de la plage reste publique et libre d’accès. Prévoir son propre parasol peut être une bonne idée pour s’installer dans les zones les plus tranquilles, aux extrémités de la baie.
De la Côte d’Azur à la Sardaigne, en passant par la Provence, l’Espagne et le Monténégro, la Méditerranée recèle encore de véritables trésors pour ceux qui fuient les foules. Ces plages secrètes, qu’elles soient nichées au creux de falaises comme Mala et En-Vau, caractérisées par une géologie unique comme Cala del Moraig, ou qu’elles offrent des paysages caribéens comme Tuerredda et Sperone, prouvent que le calme est encore possible. Ces lieux d’exception nous rappellent l’importance de voyager différemment, en quête d’authenticité et dans le respect de ces environnements fragiles qui constituent le véritable luxe de notre littoral.