Alors que l’été déploie ses vagues de chaleur sur le bassin méditerranéen, l’imaginaire collectif se peuple de plages bondées et de serviettes qui se disputent le moindre centimètre carré de sable. Pourtant, loin des clichés et des artères touristiques saturées, des havres de paix subsistent, protégés par une géographie capricieuse ou un accès qui décourage le plus grand nombre. Ces criques et étendues de sable, véritables secrets d’initiés, offrent une expérience de la Méditerranée plus authentique, où le seul bruit est celui du ressac. Avant que les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille ne transforment ces refuges en nouvelles destinations à la mode, voici une sélection de six plages où le calme est encore une promesse tenue.
Table des matières
Plage de la Paloma, saint-Jean-Cap-Ferrat : un trésor caché sur la Côte d’Azur
Nichée au cœur de la presqu’île des milliardaires, la plage de la Paloma est une de ces adresses que l’on se chuchote entre connaisseurs. Contrairement à ses voisines plus ostentatoires, elle a su conserver une atmosphère élégante et discrète. Orientée à l’est, elle offre une vue imprenable sur les falaises d’Èze et de Beaulieu-sur-Mer. Ses galets polis par la mer et ses eaux cristallines en font un lieu de baignade privilégié, à l’abri des vents dominants.
Un cadre exclusif mais accessible
L’accès à la Paloma se fait par une volée d’escaliers serpentant à travers les pins parasols et les villas de luxe. Cette descente, bien que physique, participe au charme de l’endroit et agit comme un premier filtre. Une fois en bas, on découvre une plage divisée en deux parties : une zone privée, gérée par le célèbre restaurant Paloma Beach, et une zone publique, tout aussi charmante. L’ambiance y est familiale et respectueuse, loin de l’agitation des plages de Nice ou de Cannes.
Activités et conseils pratiques
Au-delà de la simple baignade, les eaux calmes de la Paloma sont idéales pour la pratique du paddle ou du kayak. Les fonds marins, riches en posidonies, raviront également les amateurs de snorkeling. Pour une expérience complète, il est conseillé :
- D’arriver tôt le matin pour trouver une place de stationnement sur les quelques emplacements disponibles en amont.
- De prévoir des chaussures d’eau pour plus de confort sur les galets.
- D’emprunter une partie du sentier du littoral qui longe la plage pour des points de vue spectaculaires.
Ce joyau de la Côte d’Azur prouve que luxe et tranquillité peuvent encore coexister. Mais la Méditerranée recèle d’autres trésors, parfois plus sauvages et moins policés, comme ceux que l’on peut dénicher aux Baléares.
Cala Figuera, majorque : évasion sauvage aux Baléares
À l’extrême nord de Majorque, sur la péninsule de Formentor, se cache la Cala Figuera. Il ne faut pas la confondre avec le port de pêche du même nom situé au sud de l’île. Celle-ci est une crique de galets et de rochers, encadrée par des falaises vertigineuses qui plongent dans une mer aux nuances turquoise et émeraude. C’est un paysage brut, façonné par les éléments, où la nature règne en maître.
Un décor spectaculaire et préservé
La particularité de Cala Figuera réside dans son isolement. Ici, pas de restaurants, de bars de plage ou de location de transats. Le lieu est entièrement vierge de toute construction, ce qui lui confère un charme unique et une tranquillité absolue. Les chèvres sauvages sont souvent les seules compagnes des baigneurs, descendant parfois des falaises pour s’approcher du rivage. Le contraste entre la roche ocre, la végétation méditerranéenne et le bleu intense de l’eau est d’une beauté saisissante.
Informations pour les aventuriers
L’accès à la Cala Figuera se mérite. Après avoir emprunté la route sinueuse de Formentor, un petit parking non aménagé marque le début d’un sentier escarpé d’environ 1,5 kilomètre. La descente prend une vingtaine de minutes et requiert de bonnes chaussures. Il est impératif de prévoir tout le nécessaire pour la journée : eau en abondance, nourriture, parasol et crème solaire. L’effort est cependant largement récompensé par le sentiment d’être seul au monde dans un décor de carte postale.
Cette beauté sauvage et exigeante est une facette moins connue des Baléares. Une autre île méditerranéenne, la Corse, offre également ce type de paysages où la nature a conservé tous ses droits, notamment à la pointe du Cap.
Plage de Barcaggio, corse : un coin de paradis préservé
Située à l’extrémité septentrionale du Cap Corse, la plage de Barcaggio est souvent décrite comme l’une des plus belles et des plus sauvages de l’île de Beauté. Faisant face à l’îlot de la Giraglia, cette longue anse de sable fin et blanc détonne dans le paysage habituellement rocheux du Cap. Ses eaux peu profondes et transparentes en font un lagon à ciel ouvert, idéal pour les familles.
Entre maquis et vaches en liberté
La grande particularité de Barcaggio, qui amuse et surprend toujours les visiteurs, est la présence de vaches qui viennent régulièrement se prélasser sur le sable chaud. Ce spectacle insolite témoigne du caractère authentique et rural de la région. La plage est bordée par un maquis dense et odorant d’un côté, et le petit port de pêche de Barcaggio de l’autre. C’est un lieu hors du temps, où le rythme est dicté par le soleil et la mer.
Comment s’y rendre ?
L’accès à Barcaggio est une aventure en soi, qui participe à préserver le site de la surfréquentation. La route depuis Bastia est longue et sinueuse, mais les paysages traversés sont magnifiques. Une autre option, plus originale, est de laisser sa voiture à Macinaggio et d’emprunter le célèbre sentier des douaniers. La randonnée dure environ trois heures et offre des panoramas côtiers exceptionnels.
| Moyen de transport | Point de départ | Durée approximative |
|---|---|---|
| Voiture | Bastia | 1h45 – 2h00 |
| Randonnée (sentier des douaniers) | Macinaggio | 3h00 – 3h30 |
| Bateau navette | Macinaggio | 25 minutes |
Ce sentiment de bout du monde n’est pas l’apanage des îles. Sur le continent, à quelques encablures d’une grande métropole, se nichent des sites tout aussi spectaculaires et secrets.
Calanque de Sormiou, marseille : secret bien gardé des calanques
Bien qu’elle soit l’une des plus connues du parc national des Calanques, Sormiou conserve une aura de secret grâce à son accès très réglementé en période estivale. C’est la plus large des calanques, abritant une magnifique plage de sable, un petit port avec ses cabanons de pêcheurs traditionnels et des eaux d’une clarté incroyable. Le décor, avec les hautes falaises calcaires blanches plongeant dans la mer, est tout simplement grandiose.
Un accès qui protège le site
En été, et lors des journées à fort risque d’incendie, la petite route qui descend vers la calanque est fermée à la circulation motorisée. Cette mesure, essentielle pour la préservation de cet écosystème fragile, fait de l’accès à pied le mode principal pour atteindre la plage. Il faut compter environ 45 minutes de marche depuis le parking des Baumettes, sur un sentier offrant des vues plongeantes sur la Méditerranée. Cette contrainte garantit une fréquentation raisonnable même au cœur du mois d’août.
Un paradis pour les nageurs et les randonneurs
Une fois sur place, Sormiou est un terrain de jeu exceptionnel. La plage est parfaite pour la détente et la baignade. Les amateurs de snorkeling seront comblés par la richesse des fonds marins près des rochers. Pour les plus sportifs, de nombreux sentiers de randonnée partent de la calanque, menant à des points de vue époustouflants comme le Bec de Sormiou ou vers la calanque voisine de Morgiou. Le restaurant Le Château Sormiou offre une pause gourmande avec vue, à condition de réserver bien à l’avance.
Le caractère unique de Sormiou, où la nature impose ses règles aux portes de la ville, trouve un écho dans d’autres recoins de la Méditerranée, comme sur l’île grecque de Corfou, qui abrite une curiosité géologique fascinante.
Plage de Porto Timoni, corfou : la double baie magique
Sur la côte nord-ouest de Corfou, près du village d’Afionas, se trouve l’un des paysages les plus photographiés de l’île : Porto Timoni. Il ne s’agit pas d’une, mais de deux plages distinctes, dos à dos, formant un isthme de galets et de sable. Chaque baie a sa propre couleur d’eau, l’une d’un bleu profond, l’autre d’un vert lagon, créant un spectacle visuel unique. C’est un lieu qui semble tout droit sorti d’un rêve.
Une merveille naturelle qui se mérite
Porto Timoni n’est accessible qu’à pied ou par la mer. L’option la plus courante est la randonnée depuis le village d’Afionas. Le sentier, parfois abrupt et rocailleux, serpente à flanc de colline pendant environ 30 à 40 minutes. Il est essentiel de porter de bonnes chaussures de sport et d’éviter les heures les plus chaudes de la journée. L’effort est ponctué de vues magnifiques sur la mer Ionienne avant la récompense finale : la découverte de la double plage.
Conseils pour une visite inoubliable
Pour profiter pleinement de l’expérience Porto Timoni, voici quelques recommandations :
- Explorez les deux plages : chacune offre une ambiance et une température d’eau légèrement différentes.
- Montez jusqu’à la petite chapelle d’Agios Stylianos, cachée dans une grotte un peu plus loin sur la presqu’île.
- Pensez au snorkeling : les fonds rocheux des deux côtés sont très poissonneux.
- Louez un pédalo ou un bateau-taxi depuis la plage voisine d’Agios Georgios pour un accès moins fatigant et une vue depuis la mer.
Cette configuration géographique exceptionnelle offre une expérience balnéaire rare. Pour trouver une solitude encore plus grande, il faut parfois s’aventurer sur des côtes encore plus sauvages, comme celles de la Sardaigne.
Spiaggia di Cala Sa Cumpultittu, sardaigne : beauté sauvage et solitude
Sur la côte ouest de la Sardaigne, au sud de la charmante ville de Bosa, la route panoramique SP49 dévoile des paysages côtiers d’une beauté à couper le souffle. C’est ici, à l’abri des regards, que se trouve la crique de Sa Cumpultittu. En réalité, il s’agit de deux petites plages de sable doré séparées par des formations rocheuses, nichées au fond d’une anse aux eaux d’un bleu intense et transparent.
Un joyau caché de la côte sarde
Le secret de la tranquillité de Sa Cumpultittu réside dans son accès. Il n’y a pas de panneau indicateur. Il faut se garer sur un petit bas-côté de la route et trouver le début d’un sentier très pentu et non balisé. La descente est courte mais exigeante, et il est fortement déconseillé de s’y aventurer en simples tongs. Cette difficulté d’accès garantit une plage presque déserte, même en haute saison. Le silence n’est rompu que par le bruit des vagues et le chant des cigales.
La récompense d’une nature intacte
Une fois en bas, le spectacle est magique. Le sable est fin, l’eau est d’une pureté rare et les rochers environnants créent un sentiment d’intimité et de protection. C’est l’endroit idéal pour se déconnecter totalement. Il n’y a absolument aucune infrastructure, il est donc primordial d’apporter de l’eau, de la nourriture et un parasol. Les fonds marins sont spectaculaires et font de Sa Cumpultittu un spot de snorkeling de premier choix, où l’on peut observer une vie marine abondante dans un cadre totalement préservé.
Cette quête de tranquillité, de la Côte d’Azur à la Sardaigne, démontre que la Méditerranée recèle encore de nombreux secrets pour qui sait regarder au-delà des destinations les plus évidentes.
Finalement, que ce soit le chic discret de la Paloma, le caractère sauvage de Cala Figuera, l’authenticité de Barcaggio, la majesté protégée de Sormiou, la singularité de Porto Timoni ou la solitude de Sa Cumpultittu, ces plages prouvent que l’évasion est encore possible. Elles rappellent que la plus grande récompense du voyageur est souvent au bout d’un sentier escarpé ou d’une route sinueuse, là où la nature a su conserver ses droits et offrir des moments de pure sérénité.
